5 Février 2022
Dans ce livre paru en 1944, le père Yvon sur son navire hôpital le "Saint-Yves", parcourt le "Grand Banc" de Terre-Neuve (au sud-est de Terre-Neuve). Comme aumonier, il apporte une présence réconfortante, le courrier et si besoin la prise en charge des malades ou des blessés. Il personnifie, le foyer, l'église du village.
Il nous raconte la vie difficile et hors norme de ces pêcheurs qui aiment cependant leur métier.
Son récit est émaillé de poèmes emprunts de la rudesse du métier et de la beauté sauvage et dangereuse de cette zone des "Grands Bancs".
Un poète appelé "poète des Bancs" dit aussi "Bleu pâle", est originaire de Cancale (une rue porte son nom). Il s'appelait Jules Leclerc. (1882 - 1949). Ses poèmes sont tirés du livre du Père Yvon.
L'un de ses poèmes évoque la brume, qui est le grand fléau du "Grand Banc" de Terre-Neuve. C'est la rencontre des eaux chaudes du Gulf Stream et des eaux froides du Labrador qui créée cette brume.
Les doris de la goélette, en attente avant le départ pour la pêche
Lorsque pour moissonner dans la plaine liquide,
Nous partons en doris, sans soucis du trépas,
Par le brouillard épais, la boussole nous guide,
Dans les sillons mouvants nous semons les appâts,
Mais hélas, trop souvent, sur les grands flots perfides,
Notre esquif égaré s'abandonne au courant,
Et l'on voit sur les Bancs, les pêcheurs intrépides,
Perdus dans le brouillard et retrouvés mourants.
Les Bancs de Terre-Neuve sont les séjours permanents du froid et de la glace.
Tout là-bas, au milieu de la neige,
Le soleil n'apparaît qu'au milieu des frimas.
Nous vivons entourés d'un sinistre cortège
De grêle, de poudrin, de glace et de verglas.
C'est la mer ténébreuse où flotte la banquise,
Et les gros icebergs venant du Groënland,
Chassés par le courant et poussés par la brise
Aux accores du Banc et du Bonnet Flamand.
Retour des doris chargés de morues après la pêche
Pauvres laboureurs de la mer,
Durant les heures dangereuses,
Au sein de ce gouffre d'enfer
Quand nos âmes sont douloureuses,
Les Bancs glacés, le ciel couvert,
On les maudit, on les blasphème,
Puis oubliant le mal souffert,
On les aime toujours, et quand même.
peinture de Patrick Abraham
La page de couverture et l'image ci-dessus sont tirées de l'ouvrage "Doris et Dorissiers" : texte Anne Chambrin et peintures de Patrick Abraham.
Il faut découvrir le musée des Arts et Traditions Populaires de Cancale